L’aspartame présent dans le Coke Diète pourrait être cancérogène

2023-06-30 13:56:34 - Daniel Paulhus

L’édulcorant – utilisé puisqu’il ne contient pas de calories – sera classé en juillet comme «peut-être cancérogène pour l’homme» par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence intégrée à l’OMS, ont indiqué deux sources informées du processus à l’agence Reuters.

«J’ai toujours été contre l’utilisation d’édulcorant, quels qu’ils soient. Les études montrent qu’il n’y a aucun avantage à long terme en matière de contrôle du poids», martèle la docteure en nutrition Isabelle Huot.


«Je recommande depuis 30 ans d’éviter les faux sucres, poursuit-elle. Ça entretient le goût du sucre, ça déjoue le cerveau qui s’attend à une livraison de sucre et ça a un impact défavorable sur le microbiote [la flore intestinale] qui est la base de la santé physique et mentale. [Que l’aspartame soit cancérogène] ne fait que renforcer le message.»

Elle estime aussi que la dose journalière de Santé Canada établie à 40 mg/kg de poids corporel devra être revue à la baisse.

Pire encore

«L’aspartame cause probablement le diabète et des maladies cardiovasculaires également par son effet négatif sur le microbiote intestinal. Ça a été bien démontré dans les publications Nature et Cell par le groupe israélien de Dr Segal et Dr Elinav notamment», a renchéri le docteur André Marette.

Ce chercheur à l’IUCPQ est l’auteur du livre La vérité sur le sucre publié en 2016.

Il écrivait déjà à l’époque que «les plus récentes recherches suggèrent d’être très prudent avec la consommation exagérée d’édulcorants artificiels et autres faux sucres qui ne sont pas si inoffensifs qu’on le croyait.»

Bémols

Sylvain Charlebois, directeur scientifique du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire à l’Université Dalhousie à Halifax, se fait plus nuancé.

«L’institut de l’OMS a la réputation d’être un peu alarmiste. Ils l’ont fait avec la viande en 2015. Mais 90 pays ont déjà statué que l’aspartame était sans danger», souligne-t-il.

Il s’attend d’ailleurs à de la résistance, mais pense que plusieurs entreprises finiront par changer leurs produits.

«La décision ne sera pas bien reçue. J’ai l’impression que l’annonce va être défiée par plusieurs groupes dans l’industrie. Il y a quand même de la sciencequi démontre que l’aspartame ce n’est pas si dangereux, lorsque consommée de façon responsable», a-t-il dit.

Coke et Pepsi Canada n’ont d’ailleurs pas répondu aux questions du Journal.

«Mais peu importe ce que la science dit, c’est pas mal plus de la politique qu’autre chose, enchaîne M. Charlebois. L’industrie va devoir se réajuster en faisant de la communication par rapport à l’aspartame et probablement en reformulant des produits. Le plus important c’est la perception du public. Si le public commence à penser que l’aspartame est cancérigène, les entreprises vont être forcées de changer.»

L’aspartame a été largement utilisé dans les yogourts jusqu’à il y a une dizaine d’années. 

«Jadis l’aspartame a été associé au cancer du cerveau, la plupart des compagnies de yogourt l’ont remplacé par du sucralose ou du Stévia. Est-ce qu’on va sortir plus tard que ces produits causent aussi des problèmes? Arrêtez de manger transformé», recommande Isabelle Huot.

«On a fait fausse route en diminuant le gras dans les aliments il y a 30 ans. On a ajouté toutes sortes de produits pour compenser. On veut diminuer le sucre et on ajoute des alternatives qui ne sont pas plus santé. Prenez un vrai Coke en petit format de façon occasionnelle au lieu de prendre des produits aussi transformés», suggère la docteure en nutrition.

«Imiter ce n’est jamais gagnant. Pensez au Beyond meat. On veut imiter la viande, mais on ajoute plein d’additifs. À trop vouloir substituer, on perd vraiment», conclut Isabelle Huot.

De son côté, Santé Canada a dit être au courant de la version provisoire de l’évaluation du CIRC et de l’évaluation que prépare le Comité d’experts des additifs alimentaires (JECFA).

«Santé Canada examinera les évaluations sommaires du CIRC et du JECFA quand elles seront offertes, de même que les rapports complets de chaque organisme lorsqu’ils seront publiés. Le Ministère déterminera à ce moment-là si des mesures s’imposent par rapport à l’aspartame au Canada en fonction des données scientifiques présentées dans les rapports complets», a expliqué André Gagnon, des relations publiques de Santé Canada.

«Les édulcorants ne contenant pas de sucre que Santé Canada a évalués et dont il autorise l’utilisation sont considérés comme sûrs [...] En cas de découverte de nouvelles données scientifiques probantes montrant des préoccupations pour la santé par rapport aux utilisations autorisées de l’aspartame, Santé Canada n’hésitera pas à prendre des mesures pour protéger la santé et la sécurité de la population canadienne», a-t-il ajouté.

More Posts